La population canadienne croit rapidement
La population canadienne a atteint au mois de juin 2023 la barre des 40 millions d’habitants. Selon les experts, elle atteindra à ce rythme 50 millions d’habitants en 2050, soit une progression deux fois plus rapide que celle des autres pays du G7.[1] Cette croissance exceptionnelle est redevable presqu’en totalité à l’immigration qui représente environ 75 % de la croissance démographique. On prévoit que d’ici 2036, les immigrants représenteront jusqu’à 30 % de la population canadienne, par rapport à 20,7 % en 2011.[2]
Les efforts du gouvernement canadien pour attirer des nouveaux arrivants sont considérables et expliquent cette performance. En 2022, un record de 431 645 nouveaux résidents a été atteint. Selon le communiqué de presse émis par le gouvernement fédéral, on prévoit continuer à accueillir un nombre record de personnes dans le futur.
Citations :
« Nous soulignons aujourd’hui (13 janvier 2023) un important jalon pour le Canada : l’atteinte d’un nouveau record de nouveaux arrivants admis en une seule année…. J’ai hâte de voir ce que l’avenir nous réserve et j’anticipe une autre année record tandis que nous continuons d’accueillir de nouveaux arrivants. »
– L’honorable Sean Fraser, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté
Pourquoi battre des records ?
Le gouvernement fédéral annonce des records en matière d’immigration comme s’il s’agissait d’une bonne nouvelle. La croissance de la population canadienne est la plus rapide de tous les autres pays du G7, mais nos ressources pour accueillir de nouveaux arrivants (notamment en éducation et en santé qui sont des champs de compétence provinciale) sont limitées. Par ailleurs, nous vivons actuellement une importante crise du logement qui ne cessera d’empirer avec la croissance rapide la population. Quelle est la motivation du gouvernement fédéral pour agir ainsi ? Comment détermine-t-il les cibles fondées sur le plan annuel des niveaux d’immigration qu’il dépose au Parlement chaque année ? [3]
Le gouvernement justifie sa politique en considérant l’immigration comme une stratégie de développement économique visant à répondre aux besoins de main-d’œuvre des entreprises. La croissance générée en comblant les besoins de la main-d’œuvre permettrait ainsi d’accroître les recettes fiscales des gouvernements et d’accroître le financement des services sociaux. L’immigration permettrait aussi d’attirer des personnes qualifiées dans des secteurs de pointe et de répondre à défis sociaux et économiques auxquels le Canada sera confronté dans les décennies à venir.[4]
Cette vision politico-économique s’inspire de celle du comité Barton[5], soit celle d’un Canada dont la population atteindrait 100 millions d’habitants en 2101 et qui deviendrait plus riche, plus grand et plus puissant au sein de la communauté internationale.[6]
Pourtant, le gouvernement ne semble pas considérer tous les coûts sociaux qu’engendre une croissance trop rapide de la population sur l’ensemble de la société, notamment par les difficultés d’accéder aux services existants par la population en général en raison de la congestion créée, la création de disparités régionales, le déséquilibre fiscal entre le gouvernement fédéral et les provinces et la diminution du poids politique de certaines régions dont le Québec. Ces impacts ne sont pas sans conséquences.
La recherche d’un équilibre
De fait, l’efficacité d’une politique économique basée sur l’immigration n’a jamais été démontrée malgré les orientations prises par le gouvernement fédéral. [7] A contrario, les modèles théoriques de développement économique dans le long terme tiennent compte de la main-d’œuvre active comme variable endogène, c’est-à-dire dépendante des autres facteurs de croissance, notamment des investissements en capital. [8] C’est donc dire que le manque d’investissements à la fois publics et privés, ainsi qu’un retard dans de productivité dû à l’absence de progrès technologique peuvent compromettre et même avoir l’effet contraire de ce qui est anticipé par une politique d’immigration expansive.
Les cibles d’immigration devraient être déterminées en fonction d’un équilibre entre d’une part, les bénéfices obtenus par l’immigration et, d’autre part, les coûts sociaux engendrés par le manque de ressources pour servir la population.
Ces cibles devraient être accompagnées d’investissements publics massifs en éducation, en santé et dans différents domaines comme le logement. Ceci implique des transferts de ressources financières aux provinces, ainsi que d’incitatifs pour stimuler la productivité et l’investissements privés. Fautes de ces investissements, les cibles d’immigration devraient être revues à la baisse parce qu’elles seront inefficaces.
Louis Bellemare
[1] Le Canada premier de la croissance du G7 malgré la covid
[2] Le Canada accueille un nombre record de nouveaux arrivants en 2022
[3] Avis- Renseignements supplémentaires sur le Plan des niveaux d’immigration 2023-2025
[4] Un plan d’immigration pour faire croître l’économie
[5] Comité Barton, Conseil consultatif en matière de croissance économique
[6] Objectif: 100 millions de Canadiens d’ici 2100 ?
[7] La politique d’immigration fédérale expansive : conséquences pour le Canada et pour le Québec
Je suis super d’accord avec cette analyse, comme bien d’autres personnes, notamment des experts qui se sont exprimés sur la place public à ce sujet.
Ce billet soulève une question très pertinente quant aux effets d’une immigration massive sur le niveau de vie et le bien-être des Canadiens. Il serait grand temps que le gouvernement fédéral explicite et justifie ses objectifs à moyen et à long terme en matière d’immigration.
Tout à fait d’accord avec toi. Le Fédéral n’a jamais expliqué à la population canadienne pourquoi il est si important d’accroître l’immigration à ce niveau.
La raison est Justin Trudeau, l’actuel premier ministre du Canada comme héritier whig de Lord Durham (Bacot, 2017) à l’origine de l’islamisme woke en Amérique du Nord (Vidimo, 2022 est favorable à l’assimilation de tous les francophones de Vancouver à Halifax. Amira Elghawaby affirmait le 6 juin dans le quotidien Le Devoir que l’islamophobie est toujours une menace au Québec, en Ontario, et en Alberta pour les musulmans et la démocratie des minorités. Sans préciser les conditions de la démocratie des minorités surtout celles de l’islam politique woke dans les trois ordres de gouvernement du Canada comparée à celles bien connues au Québec de la démocratie du gouvernement du peuple, par le peuple.
Cette posture politique pèse sur les droits universels depuis les menaces de mort en novembre 2022 à Québec colligées par l’appareil canadien de renseignement et sécurité contre Djemila Benhabib, auteur.e de l’Islamophobie mon œil. Ou mieux, en octobre 2020 l’assassinat par arme blanche et décapité de Samuel Paty, un professeur d’histoire-géographie de Conflans-Sainte-Honorine en France, considéré par les autorités françaises comme une attaque terroriste islamiste. Car l’état de situation de l’islam politique woke depuis la fin de Daech et Al-Qaida en 2019 en Irak et au Levant favorise un djihad individuel dopé par les algorithmes des réseaux sociaux afin de tracer les limites de la liberté d’expression (Micheron 2023). De plus, la guerre civile au Soudan qui dispose d’une industrie de l’armement permet à l’islam politique woke des Frères musulmans de créer de nouveaux foyers de guerre civile autant en Europe qu’en Amérique du nord. C’est une des raisons pour laquelle le Canada est considéré par l’islam politique des Frères musulmans comme une société accommodante (Rioux, 2023) et le Québec le laboratoire de résistance au wokisme (Sud Radio, 2023) et à l’islam politique.
Sources :
Jean-Pierre Bacot, Lord Durham et la franc-maçonnerie. Un tabou canadien, Revue Critica, Paris, avril 2017
Lorenzo Vidimo, The Rise of Woke Islamism in the West, Hudson Institute, 2 mai 2022
Lawrence Goldman, Whig History or Woke History: Can you spot the difference?, History Reclaimed, mars 2023
Hugo Micheron, La Colère et l’oubli : les démocraties face au jihadisme européen, Paris, Gallimard, 2023
Christian Rioux, Une anthropologue sur la piste des Frères musulmans et des réseaux fréristes, Le Devoir, 24 mai, 2023
Sud Radio, Le Québec est-il un laboratoire de résistance au wokisme? Avec Paul Saint-Pierre Plamondon, Président du Parti Québécois et Brice Couturier, Journaliste, essayiste et auteur, 30 avril 2023
Je ne ne crois pas à la thèse de l’assimilation. Je crois plutôt que le Canada est un immense pays de forêts et de neige. Il y a des gens qui ont décidé de peupler les banquises du grand nord avec des chinois et des hindous. Le problème est qu’ils vont plutôt s’installer dans les grands centres à la frontière américaine, comme Toronto, Montréal et Vancouver, d’où des problèmes de logement et d’accès à certains services.
D’autant que la province de Québec est quelque peu différente des autres, comment en tenir compte sans nous aliéner une immigration plus instruite à une qui parle français ?
L’argument est répété ad nauseam mais l’immigration n’est pas une solution efficace à la pénurie de main-d’oeuvre car le nouvel arrivant induit, par le biais de ses besoins en santé, éducation, logement, etc. , une demande en main-d’oeuvre au moins équivalente à l’offre de main-d’oeuvre qu’il permet. Pourquoi un argument fallacieux, contredit par les experts, peut-il perdurer aussi longtemps et conduire à des politiques publiques aussi nuisibles, tant pour les canadiens que pour les immigrants? Que pour des raisons tristement politiques, je ne vois rien d’autre. Désolant, désespérant.