Toutes les grandes innovations ont eu des répercussions importantes. L’automobile, par exemple, a engendré des modifications de nos modes de vie, que ce soit par le développement des banlieues, des nos activités journalières ou par le développement d’activités de loisir.
L’informatique a donné naissance à différents types d’emplois, a permis de repenser l’organisation du travail et même de nos styles de vie, qu’on pense notamment au télétravail. La pharmaceutique et les découvertes médicales ont accru notre espérance de vie, avec toutes les répercussions sur les familles et l’économie.
Les économistes nous expliquent qu’au centre de ces grands mouvements, il existe une sorte de destruction créatrice, modulée par ces innovations majeures, qui a eu pour effet de venir remplacer ce qui existait déjà auparavant, toujours en mieux, semble-t-il. C’est ainsi que ces grandes innovations sont venues changer le portrait de notre société.
Peut-on considérer l’intelligence artificielle (AI) comme une innovation de premier plan au même titre que celles énumérées précédemment ? Quelles seraient les conséquences sociales de leur développement ? Quel serait donc le nouveau portrait de notre société ?
Ce que répond ChatGPT
Ironiquement, j’ai posé ces questions à ChatGPT. Voici ce qu’il m’a répondu :
ChatGPT a le potentiel d’avoir des répercussions sociales significatives dans divers domaines. Voici quelques exemples :
- Il peut améliorer la communication en fournissant des réponses précises et cohérentes à des questions complexes;
- Il peut être utilisé comme un outil d’apprentissage pour les étudiants en leur fournissant des réponses claires et précises à leurs questions;
- Il peut aider personnes handicapées à communiquer plus facilement et obtenir des réponses à leurs questions;
- Il peut être utilisé pour développer des chatbots plus avancés et plus efficaces.
ChatGPT donne aussi une mise en garde sur des répercussions négatives, telle que la propagation de la désinformation si le modèle est mal entraîné ou utilisé de manières abusives. Il est donc crucial, indique-t-il, de l’utiliser de manière responsable et éthique pour maximiser ses avantages sociaux tout en minimisant ses impacts négatifs
En bref, les réponses sont intéressantes, mais ChatGPT n’a pas tout à fait répondu aux questions. Au lieu de décrire les impacts sociaux, il ne fait que lister des différents types d’utilisation et décrire quelques mises en gardes.
Distinction entre chatGPT et AI
Pour répondre à cette question, il importe de faire une nette distinction entre le ChatGPT et l’AI, puisque cette dernière englobe une notion encore plus large. On pourrait penser que l’impact de celle-ci sera considérable et qu’elle deviendra un vecteur important de l’évolution de notre société.
Par exemple, un rapport publié par la banque d’investissement Goldman Sachs indique que 300 millions d’emplois sont menacés à travers le monde et qu’une “perturbation significative se profile à l’horizon à mesure que l’intelligence artificielle devient plus tangible“. Le rapport souligne que “la manière dont le monde s’adaptera à l’IA restera cruciale pour les revenus de millions de personnes.
Par ailleurs, OpenAI, l’entreprise qui a conçu ChatGPT a récemment publié les résultats d’une étude sur les effets de ces modèles sur le marché du travail. Ainsi, quatre travailleurs sur cinq verraient au moins 10 % de leurs tâches affectées par l’AI, et près d’un travailleur sur cinq verrait au moins la moitié de son travail affectée.
À l’inverse, les répercussions ne sont pas que négatives. L’IA contribuera à accroître la connaissance et la productivité et aurait un impact positif sur le PIB, tout comme les grandes innovations du passé.
Rétroaction des gouvernements
Comment alors analyser les avantages et les inconvénients d’une telle innovation. Les principales craintes ne sont pas tant ce qu’elle représente aujourd’hui, comme son évolution dont la trajectoire à maints égards demeure incertaine. Cette évolution pourrait être extrêmement rapide et prendre de court de nombreux acteurs sociaux. Les estimés sur les importantes pertes d’emplois ont donc eu un effet sur la réaction des gouvernements.
Au Québec, lors d’une question posée à l’Assemblé nationale, le ministre de l’économie, Pierre Fitzgibbon, a annoncé la création d’un forum non partisan où huit experts seront entendus. L’issue de ce forum est incertaine mais espérons, toutefois, que les informations recueillies ne seront pas que des doléances sur le risque potentiel des pertes d’emplois. Espérons qu’il subsistera suffisamment d’objectivité pour entrevoir et même proposer des mesures visant une utilisation constructive de l’AI pour les bienfaits de cette innovation sur le bien commun et l’accroissement du bien-être de la population.
Louis Bellemare
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