La Bételgueuse est une étoile géante rouge de la constellation d’Orion, visible pendant les mois d’hiver. Elle est située à près de 500 années-lumière. Sa taille et sa luminosité rouge indiquent qu’il s’agit d’une étoile en fin de vie. L’intérêt qu’on y porte est qu’elle est parfois très lumineuse, et parfois plutôt fade. Plusieurs astrophysiciens estiment qu’elle est peut-être déjà morte. Nous la verrions encore dans le ciel parce que son image prend 500 ans avant de nous parvenir.
Le pari libéral du Québec (PLQ) est comme la Bételgueuse. Ses militants sont pris actuellement dans une course contre la montre pour relancer ce parti, mais ils ne savent pas si leur étoile manque temporairement de luminosité ou si elle est déjà morte. Les prochains sondages nous le diront… peut-être pas dans 500 ans, mais au cours des prochains mois ou des prochaines années.
Jusqu’à maintenant, les signaux ne sont pas très bons pour le PLQ. Depuis les résultats catastrophiques des dernières élections générales du 3 octobre 2022, à chaque nouveau sondage, à chaque nouvelle partielle, les militants libéraux doivent faire un acte de foi pour ne pas abandonner en espérant que la prochaine fois sera une meilleure. Mais le temps presse, de sorte que la fenêtre d’opportunité se rétrécira de plus en plus jusqu’aux prochaines élections en 2026. Après un autre échec, attendre encore jusqu’en 2030 pousserait encore de nombreux militants vers la sortie, encore que ceux-ci ne sont eux-mêmes plus très jeunes, comme la Bételgueuse.
Le plan de relance du PLQ
Par contre, après 155 ans s’histoire, ce ne serait pas la première fois que le PLQ se relèverait d’une mauvaise passe. Le plan de relance présenté au dernier Conseil général du PLQ du 14 octobre par l’ancien sénateur et éditorialiste de la Presse, André Pratte, et la députée Madwa-Nika Cadet a apporté un vent d’optimisme chez les militants. L’ouvrage est titanesque, sérieux et très bien fait, et est le résultat d’une consultation auprès de quelque 500 militants et d’experts.
Ce plan représente en quelque sorte la véritable pierre d’assise de la relance, un dernier espoir en quelque sorte. Il recentre les orientations du PLQ selon trois verbes d’actions : s’affirmer, rassembler et prospérer, lesquels regroupent eux-mêmes un ensemble de propositions visant à mieux définir ce qui distinguerait le PLQ des autres partis politiques. En résumé, les principaux points sont les suivants :
Pour s’affirmer, il est proposé de se recentrer vers la défense des intérêts du Québec, du français et propose l’adoption d’une constitution québécoise. Il est proposé une réforme du sénat par une représentation provinciale, l’instauration d’un mode de scrutin préférentiel. Il est proposé aussi de faire en sorte que le Québec soit le leader de la francophonie canadienne et mondiale et confirme les droits existants des Québécois d’expression anglaise;
Pour rassembler, le plan préconise une approche inclusive d’un nationalisme audacieux et rassembleur, représentant tous les groupes de notre société en unissant nos forces autour de projets communs. Concrètement, il entrevoit l’adoption d’une loi sur l’interculturalisme, la mise en oeuvre d’une réforme en profondeur de l’enseignement du français, l’instauration de mesures incitatives fortes pour que nos entreprises favorisent la place de la langue française au travail, la mise en place d’un comité d’experts indépendants chargés de mesurer de manière rigoureuse la capacité d’accueil et d’intégration du Québec.
Pour prospérer, il propose une loi sur la protection contre l’inflation et l’accessibilité du logement, l’instauration d’un revenu minimum d’activités, la tenue d’un sommet sur l’avenir du Québec et l’élaboration d’un stratégie industrielle nationale.
Les hics
Un hic dans tout ça, c’est que le PLQ a décidé de reporter son congrès à la chefferie en mars 2025. Ceci rendrait son plan de relance orphelin pendant au moins un an et demi avant la venue d’un nouveau chef. Ce même chef n’aura qu’un an et demi avant des élections générales pour faire valoir ce plan.
Le report de l’élection du chef consiste à se donner du temps pour trouver la perle rare, l’homme ou la femme populaire de l’heure qui pourrait faire la différence. Les instances du PLQ ne veulent pas d’un couronnement.
L’autre hic, c’est que nous ne connaissons pas encore cette personne, ni ses intentions par rapport au plan de relance. Les militants libéraux pourraient tomber dans le piège d’élire un chef populiste qui ferait peu de cas de ce plan. Par opportunisme, on pourrait élire une vedette ayant le sens le clip, de l’instantanéité pour plaire aux médias, et qui pourrait gagner des élections sans véritable contenu. C’est possible, mais rendrait-on véritablement service à la population ? Aussi bien changer de camp.
Conclusion
Tout cela est bien sûr très hypothétique, mais en attendant, si un opportuniste est porté chef des libéraux, la bételgueuse se mettra à grossir et à grossir, jusqu’à son éclatement sans qu’on le sache.
Lorsque la Bételgueuse explosera en supernova, elle sera éventuellement visible de la Terre en plein jour, pendant plusieurs jours, avec une brillance comparable à celle de la Lune. Après cette période, elle se transformera progressivement en nébuleuse, qui restera visible pendant plusieurs milliers d’années. Ce spectacle témoignera des plus grandes réalisations d’un parti politique disparu.
Louis Bellemare
Félicitations pour votre analyse comparative de l’État de sutuation du Parti libéral du Québec en date du mois d’octobre 2023 avec la Bételgueuse, l’étoile géante rouge de la constellation d’Orion, visible pendant les mois d’hiver. Ce soir je vais me coucher moins niaiseux.
Quoi qu’il en soit, le rapport du Comité de relance du Parti libéral du Québec PLQ, adopté lors du Conseil général du PLQ réunit à Drummondville les 14 et 15 octobre 2023 constitue d’après mon humble point de vue un retour aux sources du PLQ sur la nation québécoise comme entité une et indivisible dans le cadre des trois ordres de gouvernement du Québec.
De plus, ce qui a fait consensus lors du Conseil général du PLQ de Drummondville du 14 et 15 octobre est la volonté de vivre et de faire ensemble des 400 militants et 11 députés francophones du PLQ dans les comtés anglophones de la région de Montréal malgré le fait que les 18 à 45 ans anglophones de ces comtés ont voté pour Québec Solidaire.
Là ou le bât blesse est la déconfiture du PLQ aux élections du 3 octobre 2022 dans 110 comtés francophones sur les 125 que compte le Québec. De même que l’abscence des ex-premiers ministres, des ex-ministres, des ex-députés pour la plupart devenus des lobbyistes lobbyistes de la Coalition avenir Québec.
Et le report du Congrès à la chefferie du PLQ au printemps 2025 pour favoriser le retour de l’ex-premier minstre Jean Charest avec l’appui des hommes d’affaires Serge Godin et Paul Desmarais, jr. L’objectif principal étant d’empêcher les confessions des repentis de McKensey, etc. sur l’imposture financière et morale des contrats du parti ministériel en poste à Québec.
C’est dans un tel contexte d’après moi comme tu le souligne que le Conseil général du PLQ a adopté les grandes règles et normes qui orienteront le projet d’une constitution québécoise; la Loi sur l’interculturalisme visant l’intégration des minorités; la transformation du Sénat Canadien en Chambre des provinces; le renforcement du français en éducation et au travail; la redistribution de la richesse en créant un revenu minimum garantie.
Ainsi que l’ajout du droit à un environnement sain à la Charte des droits et libertés de la personne dans une perspective du développement durable. Le développement durable est défini ici comme la réconciliation des dynamiques sociale, économique, environnementale, culturelle et spatiale.
Cette nouvelle posture politique du PLQ est conforme à celle du Sommet sur le climat, l’environnement et le développement, tenu à Paris au mois de juin 2023, pour un nouveau pacte financier mondial et une réforme du système financier international.
La voix à suivre pour les militants et députés du PLQ réunis à Drummondville réside dans la valeur ajoutée de la transition écologique du Plan de relance du PLQ dans un cadre global pour un dosage des politiques énergétiques vertes.
Plutôt bien trouvée la métaphore de Bételgeuse, mais elle peut-être un peu trop dramatique.
Je serais étonné que le Parti libéral du Québec disparaisse au cours du présent siècle, même si c’est possible comme la fin pitoyable de l’Union nationale le montre bien. Je n’ai jamais voté pour le PLQ, mais je crois sincèrement qu’il a sa place et son utilité dans la démocratie québécoise.
Son histoire remonte à avant la Confédération, à laquelle d’ailleurs il était opposé parce que dangereuse pour la survie culturelle du Québec. C’est aussi le parti qui a été au pouvoir le plus longtemps et il a eu des chefs et des ministres remarquables, dont Mercier, Godbout, Lapalme, Gérin-Lajoie, (R) Lévesque et (R) Bourassa. Il a été le moteur de la Révolution tranquille qui est des épisodes les plus marquants de notre histoire.
J’ai parcouru très superficiellement le rapport Pratte-Cadet et ai lu tes commentaires et ceux de quelques journalistes. J’ai l’impression que ce sera vite oublié. J’ai en effet qu’il gratte trop large et ressemble trop à ce qu’on aurait pu attendre d’une équipe chargée de préparer la prochaine plateforme électorale. À mon avis, le PLQ doit plutôt se concentrer sur un nombre limité de valeurs par lesquelles il se distingue des autres partis. Je pense essentiellement au fédéralisme, au multiculturalisme et aux droits des anglophones. Ces idées ne sont pas populaires présentement dans l’électorat francophone, mais elles le redeviendront tôt ou tard, surtout si le PQ continue de remonter la pente. Dans ce cas, le PLQ apparaîtra comme un défenseur du fédéralisme beaucoup plus crédible que la CAQ. Une première occasion de se démarquer se présentera la semaine prochaine alors que le PQ publiera ses finances d’un Québec indépendant. Pour ce qui est de ravir à la CAQ le titre de champion de l’économie. Il faut oublier cela. Cela devient de plus en plus la marque de fabrique du tandem Legault-Fitzgibbon.
Je crois que le Parti pouvait difficilement faire autrement que de reporter de deux ans la campagne à la chefferie étant donné qu’aucun candidat valable ne s’est encore présenté. Qui sait si dans deux ans Marwa Rizky et Joëlle Lightbound ne se sentiront pas prêts à se lancer.