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Le code Donald Trump : la loi du plus fort

Nous sommes habitués de penser que nous vivons dans un État de droit, où les règles de conduite sont déterminées par la loi et l’ordre. Ces principes de droit permettent de vivre dans une société juste et équitable. Tel est aussi le fondement de toutes démocraties.

Par contre, Donald Trump ne semble pas se conformer à cette vision. On pourrait croire qu’il a construit une bonne partie de sa carrière en contournant les lois et les règlements, en méprisant les institutions démocratiques, en ne respectant pas les ententes qu’il a lui-même signée. Sa carrière est cousue de poursuites judiciaires, de subversions, d’intimidations et de mépris des cours de justice. Pourtant, ce comportement ne l’aurait pas empêché de devenir riche ni de susciter l’admiration de beaucoup d’américains.

Le code «Donald Trump » est relativement simple à comprendre et s’inspire du Far West : je suis le plus fort, donc je peux faire ce que je veux. Et, ça semble fonctionner. Étant élu président des États-Unis, il peut appliquer ce code à l’ensemble des États-Unis et même à l’ensemble du monde.  Nous sommes le pays le plus puissant de la planète, donc nous pouvons faire ce que nous voulons.

Plus puissant que jamais, voici quelques exemples de décisions subversives que Donald Trump pourrait appliquer maintenant qu’il a été élu président. Ces décisions remettront en question des ententes, des lois et des règlements, mais compromettent aussi la démocratie américaine.  Elles auront des conséquences importantes sur l’économie américaine et l’ordre mondial établi.

Les ententes commerciales

Donald Trump a promis pendant la compagne présentielle qu’il allait imposer des tarifs douaniers de 10 % aux importations des États-Unis. Or, les États-Unis sont signataires de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et aussi de nombreuses ententes commerciales, dont celle signée entre les États-Unis, le Mexique-et le Canada (AEUMC). Par exemple, cet accord prévoit que presque tous les biens échanges entre les trois pays sont exemptés de droits de douane. En imposant des tarifs de 10 % au Canada et au Mexique, Trump reniera cet accord qu’il a lui-même négocié.

D’autre part, on doit s’attendre à ce que plusieurs pays répliquent en imposant eux-mêmes des limites à l’importation de produits américains. Ceci pourrait provoquer un cycle de ralentissement de l’économie mondiale et possiblement une récession. 

L’indépendance de la FED

Plus grave encore, le nouveau président, insatisfait de la hausse des taux d’intérêt, a fait allusion à plusieurs reprises de sa volonté de limoger le président de la « Reserve Fédérale-FED » banque centrale des États-Unis, Jerome Powell.

Or, l’indépendance des banques centrales vis-à-vis l’influence politique est un principe reconnu à travers le monde et extrêmement important. Une banque centrale doit rester à l’abri de toute influence ou prise de contrôle à des fins de partisanerie politique, notamment pendant une campagne électorale.

Trump n’a pas le pouvoir de congédier Powell directement, mais peut exercer une forte pression pour qu’il démissionne et remodeler la composition de la Fed. 1[1]

S’il parvenait à prendre le contrôle de la politique monétaire américaine et décider lui-même de la hausse ou de la baisse des taux d’intérêts, il y aurait des implications sérieuses sur l’inflation, le chômage et le taux change américain. Par ailleurs, la confiance des investisseurs serait minée.

La déportation des immigrants illégaux

Dans le but d’expulser les immigrants illégaux, Trump entend se servir d’une loi du 18e siècle, la Loi sur les ennemis étrangers (Alien Enemies Act) adoptée en temps de guerre et qui permet au président d’expulser les citoyens d’une nation contre laquelle il est en guerre, sans avoir besoin de l’aval du Congrès.

Mais, puisque les États-Unis ne sont pas en guerre avec la plupart des pays d’où proviennent les immigrants illégaux, Trump devra trouver un prétexte pour contourner la Loi. Selon certains médias, il pourrait évoquer le fait que les cartels et les trafiquants de drogue latino-américains ont corrompu leurs gouvernements et que ceux-ci peuvent être considérés comme des ennemis, donc en guerre. 2

Or, bien que Trump soit prêt à aller très loin en contorsionnant l’interprétation d’une loi du 18ième siècle, on peut s’attendre à ce qu’il y ait de nombreuses poursuites judiciaires. Par ailleurs, on estime que l’opération pourrait coûter au moins 315 milliards de dollars.

Pourra-t-on éviter le chaos ?

Ce ne sont là que quelques exemples de non-conformité qui ont fait l’objet de promesses Donald Trump. Celui-ci fonde ses politiques sur le non-respect des lois, des règlements et de l’ordre établi en appliquant le code de la loi du fort. Tout ce chambardement n’est pas nécessairement une bonne chose parce qu’il compromet la paix sociale.

Les partenaires commerciaux réagiront certainement aux politiques protectionnistes des États-États en imposant eux-mêmes des limitations au commerce, annihilant ainsi la portée des ententes commerciales, et en risquant de provoquer un cycle de ralentissement de l’économie mondiale, possiblement une récession. Les économistes estiment que le protectionnisme est un signe précurseur de récession mondiale.

La politique monétaire, si elle est assumée selon l’humeur erratique d’un président américain, pourrait avoir pour effet d’insécuriser les marchés financiers et apporter encore plus d’inflation et de chômage.

Par ailleurs, personne ne peut donner l’assurance que la déportation des immigrants illégaux se fera sans violence dans un pays où les armes à feu sont rois, que cette opération se fera sans considération pour les enfants et parents des immigrants déportés, sans tenir compte des débordements possible dans d’autres pays comme le Canada. Trump devra-t-il signer des ententes avec d’autres pays pour déporter ses immigrants illégaux ? Quelle crédibilité aura-t-il ?

Louis Bellemare


  1. Le poste de Jerome Powell est-il à risque ↩︎
  2. Trump peut-il vraiment expulser tous les immigrants illégaux vivant aux États-Unis ? ↩︎

Published inÉconomie canadienneÉconomie mondialefrançaisGénéral

3 Comments

  1. Noël Pellerin Noël Pellerin

    Avec un corpus de projets de politiques et de nominations aussi mal avisés, l’on peut espérer qu’au test du réel une frange suffisante d’électeurs lui feront perdre des plumes dès l’élection de mi mandat. C’est sans compter les crises, sanitaires ou autres, susceptibles de se produire et qu’il n’a pas le profil pour gérer avec la plus grande sagesse. C’est court 2 ans, à près de 80 ans pour changer la face du monde. Et les suiveux sont habituellement moins charismatiques.

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